Après la période Classique et celle du Romantisme, vient la musique Moderne, apparaissant vers la fin du XIXe et début XXe siècle (environ 1870 jusqu’à la Seconde Guerre mondiale). L’ère Moderne est marquée par de grandes révolutions technologiques, politiques et sociale de la société occidentale. Le monde de la musique profite de cet élan et s’inspire des progrès technologiques de l’époque. Quant aux compositeurs, ils cherchent à s’émanciper des anciennes règles musicales et cherchent continuellement de nouvelles façons de créer la musique. De là, de nouveaux genres musicaux apparaîtront dans le monde entier, comme le Blues, le Gospel puis le Jazz aux Etats-Unis.
Introduction à la musique Moderne
La fin du XIXe siècle voit la musique Wagnérienne se répandre dans toute l’Europe. Cette hégémonie quelque peu “étouffante” pour la plupart des compositeurs de l’époque, va s’estomper progressivement grâce à l’émergence du courant impressionniste dont Claude Achille Debussy sera l’un des emblèmes. “Le Prélude à l’Après Midi d’un Faune” en 1894, est un évènement et serait probablement le point de départ véritable de l’ère Moderne.
Cette époque est caractérisé par un mouvement des compositeurs, dû aux situations de tensions politiques et de guerres. L’Avant-guerre de 1914, constate l’arrivée de plusieurs musiciens à Paris venant de divers pays confondus (Russie par exemple, où le contexte politique est difficile), entrainant parfois quelques manifestations et scandales dans le milieu artistique. Ensuite, les années 30 verront de nombreux compositeurs s’exiler outre-Atlantique (Schoenberg, Stravinsky, Bartok, Hindemith et bien d’autres), devant la montée du Nazisme.
Au niveau musical, cette période est celle du doute : on a assisté à l’expansion de la tonalité puis à son écroulement progressif. Face à la suspension de tonalité, certaines théories ont émergé : adhérer aux six tons (Claude Debussy), aux douze demi-tons, et abolir la fonction harmonique (déjà proposée par Wagner et Franck) pour aboutir à une polytonalité harmonique ou oser l’accord de douze sons. Par conséquent, l’abolition de la tonalité engendre une nouvelle conception du temps musical.
Les chants grégoriens et la polyphonie de la Renaissance sont estimés de nouveau et remis à l’honneur, inspirant ainsi à la modalité, tout comme la découverte des musiques ethniques a favorisé l’intégration de nouvelles gammes (la gamme pentatonique chinoise) et les douze demi-tons de Schoenberg conduit au sérialisme. Face à l’éclat du langage musical, la période entre les deux guerres mondiales est pleine de multiplicités musicales et artistiques : le Jazz, la polytonalité, le Music-hall se rapproche du néoclassicisme naissant. Cependant, certains novateurs tenteront de faire exploser d’autres paramètres, comme ceux du timbre et du rythme, ou de travailler à un son “brut“.
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Face à tant de bouleversements et de ruptures, il n’est pas surprenant que le néoclassicisme ait attiré de nombreux compositeurs tentant de rétablir, dans les années 1920/1940, le contact avec des structures formelles, des rythmes et une harmonie déjà éprouvée. Cette période a connu un bref retour aux traditions anciennes avant la prochaine rupture de l’après-guerre 1945.

Une période artistique foisonnante
La période Moderne se caractérise par une effervescence des arts dans toutes l’Europe, mais particulièrement en France, où Paris est un centre névralgique.
Les arts graphiques ne sont pas en reste. Des peintres comme Picasso participent par exemple à la création de décors pour les Ballets Russes. Les costumes du Sacre du Printemps de Stravinsky, sont tout aussi osés et originaux.
Les différentes formes d’arts, s’inspireront les unes les autres. À partir des années 1900, on voit de nombreux courants artistiques forts émerger tels que le réalisme, le futurisme, le primitivisme, l’expressionnisme, le folklorisme, le néoclassicisme, le cubisme, le surréalisme.
À l’ère moderne, l’originalité s’encourage grandement. De nombreux compositeurs expérimentèrent le succès grâce à des œuvres très originales pour l’époque. Citons par exemple Stravinsky avec “Le Sacre du Printemps” et son scandale lors de sa première, ou encore Erik Satie avec “Parade”.
La composition et l’écriture
À l’ère moderne, les musiciens/chercheurs étaient en permanence en quête de nouveaux codes d’écritures musicales capables de transposer les émotions. La tonalité s’élargira puis déclinera, résultant à une nouvelle conception du temps musical et une utilisation novatrice du rythme. Furent exploités le système modal et la série dodécaphonique (douze tons).
Les œuvres musicales de cette période se sont développées à partir des trois principes suivants : la tonalité, la modalité et les séries dodécaphoniques.
La tonalité et la modalité
Tous deux sont des langages musicaux nés des siècles précédents. La musique modale s’oppose à la musique tonale qui utilise uniquement les deux modes majeur et mineur.
La série dodécaphonique
Le dodécaphonisme est une technique de composition mise au point par Arnold Schönberg en 1923. Il s’agit une série d’intervalles de douze sons différents, ayant chacun la même importance dans la gamme et qui ne doivent pas se répéter tant que cette gamme n’a pas été écrite complètement. Cette série sera utilisée pour la transcription des sons et l’arrangement des flux de mélodies de manière plus structurée. La série à douze sons peut être utilisée sous différentes formes lors de la composition :
- La forme droite ou originelle
- La forme rétrograde ou en récurrence lorsque la série est prise par la fin
- La forme miroir ou en renversement lorsque l’intervalle ascendant devient descendant et vice versa
- La forme rétrograde du miroir ou en récurrence du renversement.
C’est à partir de la série dodécaphonique qu’apparaît la musique dodécaphonique. Un genre musical écrit à partir des techniques de composition se basant sur les six tons et des douze demi-tons de la gamme chromatique. Le style dodécaphonique est d’abord adopté par les élèves de Schönberg avant de toucher les autres musiciens de l’époque.

La diffusion de la musique Moderne
Grâce aux avancées technologiques de l’époque. La musique peut être enregistrée, différée et répétée. La période Moderne verra l’invention de l’électricité, de l’enregistrement sonore en 1877, puis du phonographe et du gramophone. Le phonographe a été le premier appareil utilisé pour reproduire la musique. Il utilise des processus mécaniques pour reproduire le son. Le gramophone, quant à lui, est l’ancêtre du tourne-disque. C’est un appareil qui lit la musique enregistrée sur un disque.
Des inventions suivront tout au long du siècle et la diffusion de la musique se développera avec l’avènement de la radiodiffusion. Ce sera le début de l’industrie musicale et elle va permettre à la musique de se populariser et devenir une élément culturel de masse.

Les styles de la musique Moderne
Le style Wagnérien a commencé à se répandre au début de la période moderne. Ensuite, cette tendance est remplacé par l’avènement de la musique dite Impressionniste puis la musique de Ballet. L’Ethnomusicologie fait peu à peu son entrée dans l’imaginaire des compositeurs. En effet, la découvert de traditions musicales folkloriques a suscité l’enthousiasme et l’intrigue. Des compositeurs comme Stravinsky ou encore Bartok s’en inspireront profondément. En 1889 par exemple, pendant l’Exposition universelle de Paris, la ville a présenté au public la musique Arabo-Andalouse et la musique Indienne.
Le pluralisme stylistique de la période moderne
Contrairement à d’autres périodes, il n’y a pas d’uniformité de style dans la période Moderne. C’est l’époque d’exploration des genres. De nombreux compositeurs prôneront l’ouverture, tandis que d’autres maintiendront une attitude conservatrice envers le style des époques précédentes. Par exemple, Claude Achille Debussy puisera certaines de ses influences dans la musique orientale, dont les harmonies seraient “raffinées et les sonorités évocatrices”. Sa musique contribuera à l’avènement du style impressionniste, que des compositeurs comme Maurice Ravel continueront de perpétuer et magnifier.
En raison de l’introduction de nouveaux genres musicaux de différents pays et cultures, le style de la musique moderne est vite devenu très riche. La musique occidentale a été influencée par les rythmes, les sons, les mélodies et les techniques de la musique espagnole, arabe, africaine, asiatique et indienne. Un mélange osé d’expérience sonore et esthétique qui aura alors inspiré de nombreux compositeurs.

Conclusion
L’une des principales caractéristiques de la Musique Moderne est son émancipation du système tonal, hégémonique depuis le XVIIe siècle. La fin du XIXe et le début du XXe siècle, ont éliminé ce système tonal pour de nouveaux systèmes tels que l’atonalisme, le dodécaphonisme, le sérialisme. Ces trois principales techniques seront le terreau de la musique contemporaine après la Seconde Guerre Mondiale.
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