Chopin, Bach, Mozart, Beethoven…La liste des grands compositeurs masculins est longue. Pourtant, les femmes compositrices existent depuis des siècles. Mais elles sont, et de loin, bien moins connues que leurs confrères. Pourquoi joue-t-on si peu d’œuvres de femmes compositrices ? Leurs œuvres ne plaisent-elles pas ? Les raisons sont multiples et bien des hypothèses ont été écrites ou restent encore à approfondir pour trouver une explication. Découvrez sans plus tarder quelques-unes de ces femmes compositrices.
Fanny Mendelssohn
Fanny Mendelssohn est une compositrice et pianiste allemande, née en 1805 à Berlin dans une famille d’intellectuels. Dotée d’une très bonne mémoire, son talent de musicienne se manifesta très tôt. Elle composa très jeune, se révélant être une pianiste extrêmement douée. C’est à ses 13 ans qu’elle joue pour la première fois l’intégralité des préludes du Livre 1 du Clavier bien tempéré de Jean-Sébastien Bach et ce par cœur. Ce qui impressionna sa famille. La composition prenait une place très importante dans sa vie.
L’interdiction prononcé par le père de la compositrice
Bien qu’elle soit une talentueuse pianiste et compositrice, ni son père, ni son frère ne l’a soutenue et l’ont empêché de pratiquer sa passion et de faire de la musique son métier. Selon le père, les concerts publics et la publication de ses compositions, ne faisaient pas partie des “activités féminines“. À ses 14 ans, il l’a donc conjuré à se concentrer sur son futur rôle de femme mariée et de mère.
Abraham Mendelssohn, écrivit à sa fille, alors âgée de 15 ans: “La musique deviendra sans doute pour Felix un métier, tandis que pour toi, elle ne peut et ne doit devenir qu’un agrément, et jamais l’élément déterminant de ton être et tes actes “.
Pendant que son frère Félix avait l’occasion de parfaire son art en se produisant comme pianiste à travers ses nombreux voyages, Fanny devait faire face aux interdictions d’Abraham Mendelssohn et aux limites de sa condition sociale. Malgré l’éducation qu’elle a reçu qui est similaire à celle de son frère, et les dons dont elle disposait, elle devait rester au domicile familial.
Au début des années 1820, les Mendelssohn organisaient des concerts privés, n’autorisant que les amis et connaissances de la famille, et ce dans leur demeure se situant à Berlin. Ces concerts continuaient d’avoir lieu même après le mariage de F. Mendelssohn avec Wilhelm Hensel. Ils étaient pour elle les seules occasions de se produire devant un public.
C’est seulement à la fin de sa vie que Fanny Mendelssohn s’oppose à son frère, quand celui-ci tente de lui interdire de publier ses œuvres en tant que compositrice. En un an, elle publie ses lieder, ses œuvres pour piano et ses œuvres vocales pour chœur.
On peut aujourd’hui recenser 6 œuvres de la compositrice
- Lieder
- Das Jahr, cycle pour Piano
- Trio pour piano Op. posth. 2
- Ouverture pour Orchestre
- Oratorio Musik fuer die Toten der Cholera-Epidemie
- Hero und Leander pour Soprano, Piano et Orchestre

Clara Schumann
Clara Wieck, de son nom d’épouse Schumann, est née en 1819 à Leipzig en Allemagne. Étant l’une des rares femmes compositrices de l’ère romantique, elle considérée comme la pianiste la plus remarquable de son époque. Nous recensons aujourd’hui plus de quarante œuvres de la compositrice.
Dès son plus jeune âge, initiée à la musique par son père, elle suit plusieurs cours de musique, dont : ceux de Piano, de Violon, de chant et de composition. C’est à six ans qu’elle donna son premier concert auprès d’une pianiste très réputée: Émilie Reichhold. Elle y rencontra son premier succès. C’est durant l’année de ses neuf ans que Clara rencontra Robert Schumann, âgé de dix-sept ans, après avoir été invité à jouer chez le Dr. Ernst où Robert Schumann étudiait auprès de son père.
En 1830, âgée de onze ans, elle commença une tournée musicale en Europe, en direction de Paris. Grâce à ses nombreux déplacements et à l’adoration que lui portait le public européen, Clara Wieck se bâtit une grande réputation en tant que pianiste. Chacune de ses apparitions sur scène provoqua l’admiration des spectateurs et des personnalités de l’époque. Des grands compositeurs, tels que Liszt, parlera d’elle comme une “grande prêtresse de l’art “ et Paganini dira : “Elle a la vocation de l’art parce qu’elle en a le sentiment“.
Suite aux performances de la compositrice à Vienne, qui souleva l’enthousiasme de Frédéric Chopin, celui-ci lui consacra plusieurs articles élogieux dans des journaux parisiens. Clara est alors âgée de 18 ans. Elle est remarquée en particulier pour sa facilité à jouer de mémoire, acquise grâce à la formation musicale à l’oreille de son père.
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Clara Wieck devenue Clara Schumann
C’est au 18ème anniversaire de Clara Wieck que Robert Schumann lui demanda sa main. Toutefois, plusieurs obstacles vont alors se dresser face au nouveau couple. Le père de Clara, n’étant pas d’accord avec cet amour, déclara que si Clara épouse Robert, elle ne serait plus sa fille. Après des années à interdire que les jeunes amants se voient, il intente un procès aux futurs mariés. À la suite des décisions du procès, le jeune couple est autorisé à se marier.
Le talent de Clara Schumann se retrouve vite dans l’ombre de son mari. Cette existence rêvée est vite rattrapée par des tâches domestiques. Cependant, Clara reste l’une des rares femmes compositrices capables de vivre de son art dans une période dominée par des compositeurs masculins. Elle passa de la virtuosité de ses oeuvres vers un répertoire davantage sérieux et représentatif du Nouveau Romantisme.
Même après la mort de son mari, en 1856, elle a travaillé à faire connaitre et diffuser les œuvres du défunt.

Lili Boulanger
Marie Juliette Boulanger, dite Lili Boulanger, est une compositrice française, née à Paris en 1893. Lili Boulanger naît dans une famille de musiciens. Son père, Ernest Boulanger est compositeur et professeur de chant au Conservatoire de Paris.
Lili Boulanger, montre très tôt des talents musicaux étonnants. À l’âge de six ans, elle déchiffre déjà au piano des mélodies, notamment celles de Gabriel Fauré qui l’accompagne dans ses interprétations. Entrée au Conservatoire National de Paris en 1909, elle concourt une première fois pour le prix de Rome la même année. Cependant, une tuberculose intestinale l’oblige à se retirer de la compétition. Elle se présente une deuxième fois, l’année suivante, au concours qu’elle remporte à l’unanimité. Lili Boulanger devient non seulement la première femme à recevoir cette distinction mais reste également l’une des plus jeunes lauréates à avoir remporté ce prix. Elle est alors âgée de 19 ans.
Lili Boulanger, s’installa à la Villa Médicis où elle composa la plus grande partie de son œuvre. En décembre 1915, elle fonde avec sa sœur Nadia Boulanger, la Gazette des classes de composition du Conservatoire, organisme privé, qui permet aux musiciens engagés dans la guerre d’échanger des informations. Une dizaine de numéros seront alors publiés jusqu’en juin 1918.
Elle continua de composer jusqu’à sa mort en 1918, des suites de la tuberculose.

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Élisabeth Jacquet de La Guerre
Élisabeth Jacquet de La Guerre, est une compositrice et claveciniste française, née en 1665 à Paris. Elle est la plus célèbre des compositrices sous Louis XIV et Louis XV.
Le père d’Élisabeth Jacquet de La Guerre, appartient à une dynastie de musiciens bien connus aux ramifications multiples. C’est lui qui s’est chargé de son éducation musicale. Parmi ses frères et sœurs, Elisabeth Jacquet montre rapidement d’étonnantes dispositions pour le clavecin et pour le chant. Enfant prodige, vers l’âge de huit ans, elle est introduite à la cour de Louis XIV, où elle égaie les salons en chantant et en jouant le Clavecin.
Après avoir quitté la cour, elle devient une claveciniste et une professeure renommée. C’est en 1694 qu’elle créa son opéra “Céphale et Procris“ à l’Académie Royale de Musique. Malheureusement, l’Opéra eut peu de succès.
En 1707, elle publie six sonates pour Violon et Clavecin ainsi que des pièces pour Clavecin seul. Elle s’essaie à tous les genres musicaux : cantates religieuses, cantates profanes, pièces de tradition française et nouveautés italiennes.
Toute sa vie, Elisabeth Jacquet de La Guerre a œuvré pour faire jouer sa musique dans les plus hautes sphères musicales de son époque, passant outre les entraves liées à son statut de femme.
Élisabeth Jacquet de La Guerre est considérée comme l’une des premières femmes en France à avoir composé un Opéra-Ballet et reste reconnu pour sa musique pour Clavecin.

Madalena Casulana
Maddalena Casulana est une compositrice, luthiste et chanteuse italienne née vers 1544. Elle a reçu son éducation à Casole puis a déménagé à Florence, où ses mécènes ont été les premiers à écouter ses compositions. De là, elle se rend à Venise, où elle donne des cours particuliers de chant et de composition à partir de 1568.
C’est à l’âge de 20 ans que Maddalena Casulana débuta sa carrière. Sa première œuvre connue, le recueil de quatre madrigaux Il Desiderio, date de 1566. Deux ans plus tard elle publie à Venise son premier livre de Madrigaux pour quatre voix, Il primo libro di madrigali, première œuvre musicale publiée par une femme.
En 1568, Antonio Molino un marchand, acteur et écrivain Vénitien, qui est considéré comme l’un des pères fondateurs de la Commedia dell’arte, dédicace son livre de Madrigaux à Maddelana Casulana. Il y indique que ce livre n’aurait jamais pu voir le jour sans les leçons de musique dispensées par la compositrice. De même, en 1569, le peintre et poète Giambattista Maganza lui dédia une chanson.
L’œuvre de la compositrice se compose de trois livres pour un total de 66 Madrigaux, qui sont les premières œuvres composées par une femme à être éditées.
Maddalena Casulana fut la première femme connue à avoir ouvertement fait de la composition et de la musique son métier.

Conclusion
Les femmes compositrices ont toujours existé, mais elles ont dû faire preuve de ruse et parfois d’audace pour se faire reconnaître et pour faire jouer leur musique. Il a été difficile pour les compositrices de l’époque de se faire un nom malgré leurs talents, et c’est encore le cas pour celles d’aujourd’hui. Heureusement, les initiatives se multiplient pour les faire connaître. Le festival Présences Féminines ne programme que des oeuvres de femmes depuis une dizaine d’années et l’association ComposHer propose des listes de lecture, des entretiens ainsi que des partitions de compositrices.
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