D’après certaines études, la musique influence notre état d’esprit et pourrait même accroître notre intelligence et stimuler notre créativité. Au cours des dernières années, le phénomène a suscité beaucoup d’intérêt autant sur le plan scientifique que sur le plan pratique. Cependant plusieurs études et résultats se contredisent. L’effet Mozart a-t-il un réel impact sur notre intelligence ? Étudions cela.
Visuo-spatiale : Les fonctions visuo-spatiales permettent de s’orienter dans l’espace, de percevoir les objets de notre environnement et de les organiser en une scène visuelle cohérente, d’imaginer mentalement un objet physiquement absent. »
La découverte de l’effet Mozart
En 1993, les professeurs d’université et chercheurs Frances H Rauscher, Gordon Shaw et Ky KN, ont cherché à savoir si l’écoute musicale contribuait au développement cognitif chez l’adulte. Ils ont donc mené une étude qui consistait à exposer un premier groupe d’étudiants universitaires à l’écoute du premier mouvement de la sonate pour deux pianos en ré majeur de Mozart (KV448), pendant que le deuxième groupe écoutait une musique de relaxation et le troisième patientait en silence.
Les tests qui ont suivi se constituaient de deux tâches d’habiletés cognitives et d’une tâche de mémoire spatiale. Les résultats de la recherche ont démontré que les étudiants ayant écouté l’œuvre de Mozart ont obtenu de meilleurs résultats. Leurs quotients intellectuels ont augmenté de huit à neuf points comparés aux étudiants qui avaient été soumis aux deux autres conditions. On appela cela “Effet Mozart”.
Cependant, il a été démontré que cet effet était temporaire et ne dure qu’environ 15 minutes. Les chercheurs ont donc tenté d’examiner si la musique d’autres compositeurs donnait les mêmes résultats. D’autre part, ils ont aussi cherché à savoir si la musique de Mozart avait un impact sur d’autres habiletés cognitives, telles que la mémoire à court terme.

Les réactions de la communauté scientifique
Dès 1994, plusieurs scientifiques parmi lesquels Stough, Bates et Morgan, ont tentés de reproduire l’expérience en examinant si l’écoute de la musique de Mozart améliorait les performances visuo-spatiales chez 30 étudiants. Ils ont reproduit exactement le même protocole que l’étude originale, hormis que le deuxième groupe a écouté du disco et non une musique relaxante. À la suite de cela, chaque étudiant a réalisé une tâche de mémoire spatiale équivalente.
Après l’analyse des résultats, ils ont remarqué qu’aucune des trois conditions expérimentales amélioraient les performances des étudiants. Les scientifiques en ont conclu que ni la musique de Mozart, ni celle de relaxation, ni celle de disco, auraient un effet significatif.
Pour un peu plus appuyer et justifier les résultats des scientifiques Stough, Bates et Morgan, d’autres scientifiques ont mené l’expérience sur des adolescents âgés de 14 à 16 ans.
Les résultats sont sans appel. Ni les participants du groupe Mozart, ni ceux du groupe musique et de silence ont vu leurs performances améliorées.
Après analyse de toutes les études, certains scientifiques ont déterminé que l’effet positif de la musique de Mozart ne serait observable qu’à l’aide d’une épreuve et de tâches précises.
L’effet Mozart est un mystère, tout comme la mort du célèbre compositeur. Découvrez notre article à ce sujet
Les chercheurs : Frances H Rauscher, Gordon Shaw et Ky KN de l’étude originale, ont fait face à une multitude de critiques. En réponse à ces critiques, ils ont décidé de réaliser une seconde étude, avec cette fois-ci, 79 étudiants universitaires. L’expérience à durée 5 jours. Le premier jour, les étudiants ont participé à un pré-test. Les jours suivants, les étudiants ont été séparés en 3 groupes. L’un, a écouté quotidiennement du Mozart, l’autre a attendu en silence et le dernier groupe a écouté de la musique disco, une histoire, puis une œuvre du compositeur Philippe Glass.
Les résultats finaux sont que les étudiants du groupe Mozart, ont significativement amélioré leurs performances visuo-spatiales entre les jours 2 et 5. Paradoxalement, les étudiants du groupe silence, ont aussi obtenu des résultats équivalents entre les jours 3 et 5. De leur côté, le dernier groupe a eu des résultats inférieurs aux deux premiers groupes à cette tâche.

Alors, réalité ou mythe ?
Les nombreuses études effectuées sur l’effet Mozart présentent des résultats contradictoires.
Jakob Pietshnig de l’université de Vienne et ses collègues, ont ainsi mené près de 40 études, 104 échantillons indépendants de personnes et plus de 3 000 participants sur le sujet. Ils en ont conclu ceci :
- Des échantillons de personnes ayant écouté la sonate de Mozart, ont obtenu des résultats significativement supérieurs pour les tâches visuo-spatiales, que les échantillons de personnes exposés à des stimuli non musicaux ou au silence.
- Des échantillons de personnes ayant écouté un tout autre type de musique ont obtenu des résultats significativement plus élevés pour les tâches visuo-spatiales, que les échantillons de personnes exposés à des stimuli non musicaux ou au silence.
- La taille des études menées par les chercheurs Rauscher Gordon Shaw et Ky KN, était trois fois plus élevée que les études d’autres chercheurs. Il est donc normal qu’il y ai des résultats différents aux autres études sur le sujet.
Jakob Pietshnig et ses collègues chercheurs concluent :
« Dans l’ensemble, il ne reste que peu de choses pour soutenir la notion d’une amélioration spécifique de l’exécution de tâches spatiales par l’exposition à la sonate KV 448 de Mozart. »
C’est-à-dire que l’effet Mozart n’exerce pas un effet miracle sur la capacité intellectuelle.

La pratique d’un instrument de musique : les bienfaits
D’autres recherches démontrent que jouer d’un instrument agit plus vite sur le cerveau que d’écouter de la musique. L’apprentissage de la musique développe le cerveau et modifie les zones favorisant la mémoire et l’apprentissage.
Selon la psychologue Laurel Trainor, apprendre à jouer d’un instrument présente de nombreux avantages :
« L’enfant doit tenir un instrument, écouter le son émis par l’enseignant, le reproduire, le garder à l’esprit, l’évaluer et le modifier si nécessaire. Ce qui demande une énorme quantité d’attention. L’apprentissage musical enseigne aux enfants comment accomplir certaines tâches, et développe aussi la mémoire »
L’universitaire Glenn Schellenberg explique que la pratique d’un instrument de musique, permet aux enfants de développer plus vite leur coefficient intellectuel.
Conclusion
Les multiples recherches sur le sujet nous amènent à conclure que le phénomène de “ l’effet Mozart ” n’est pas fondé. Cependant, il a été démontré que la musique peut, à l’occasion, stimuler certaines habiletés cognitives. Les procédures méthodologiques et expérimentales de Frances H Rauscher, Gordon Shaw et Ky KN sont donc discutables.
En résumé, écouter de la musique vous inspire et peut vous motiver à travailler plus mais ne présente pas de grand effet sur le cerveau. Cependant, pratiquer la musique stimule bel et bien votre cerveau.
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